Alors que l’on s’inquiète que les athlètes en général seraient en train d’atteindre leurs limites objectives, des femmes remarquables ont décuplé d’énergie pour aller toujours plus loin, plus vite et plus fort.
C’est d’autant plus saisissant lors de compétitions qui mobilisent toutes les qualités athlétiques :
- comme en athlétisme (fond et marathon) pour les Éthiopiennes,
- les prouesses en natation pour une championne hongroise, surnommée la “Dame de Fer”,
- ou la capacité de devenir un rôle-modèle pour l’ensemble des femmes du monde arabe, dans le cas inédit d’Ons Jabeur, révélation de Wimbledon et proche de réussir le Grand Chelem.
Les Éthiopiennes Ayana et Dibaba, inégalables marathoniennes
L’Éthiopienne Almaz Ayana, championne olympique du 10.000 m en 2016 à Rio, a aussi remporté le marathon d’Amsterdam, le 16 octobre 2022, en 2h 17′ 19 “. Elle devançait une autre coureuse sur piste renommée venue d’Ethiopie, Genzebe Dibaba, recordwoman du monde sur 1500 m, qui courait aussi son premier marathon sur 42, 195 km.
L’une comme l’autre n’était donc pas dans leur élément, (le marathon était interdit aux femmes jusqu’en 1967) mais se sont lancées le défi de démultiplier leur distance de prédilection, dans une épreuve d’endurance maximale. Les courses de demi-fond (1500) et même de fond (10.000) sont de durée moyenne et n’impliquent pas une préparation aussi approfondie sur de longs mois pour être certain(e) d’être simplement au niveau pour “tenir la distance”.
Almaz Ayana avait déjà pulvérisé le record du monde du 10.000 m, en 14 minutes 33, performance parmi les plus spectaculaires des jeux de Rio.
Letesenbet Gidey plusieurs fois recordwoman du monde
C’est une troisième éthiopienne, âgée de 23 ans, Letesenbet Gidey, qui a repoussé le record d’Ayana de 16 secondes 42 (29 min 1 s 03 en 2021), ainsi que celui du 5.000 m (14 min 6 s 62 en 2020).
Letesenbet Gidey est également détentrice du record du monde de semi-marathon, qui, avec 1h 02 minutes 52 secondes, est la première femme de l’histoire à descendre en dessous des 1h 03. C’est d’autant plus remarquable que c’était la première fois qu’elle s’alignait en compétition sur cette distance. Elle est aussi meilleure performance mondiale sur 15 km, en 44 minutes 20 secondes, depuis 2109.
Iron Lady Katinka est experte d’au moins 4 nages
La nageuse hongroise Katinka Hozssu détient l’art d’enfiler les records du monde sur 200 et 400 m 4 nages, comme d’autres enfilent des perles. Encouragée par un père excellent basketteur et son grand-père, puis par son entraineur de mari jusqu’en 2019, Shape Tusup, Katinka Hozssu bat fréquemment les anciens records de plus de deux secondes, quand elle ne laisse sa première adversaire à plus de cinq secondes du temps qu’elle établit.
Elle préfère rivaliser avec ses adversaires en compétition que de s’entraîner. Elle est forte de onze titres intercontinentaux. Plutôt que d’attendre les contrats publicitaires, elle gère directement un business de boutique en ligne d’objets-trophées, comme des casquettes, T-shirts, mugs, sacs à dos, bonnets de bain ou bracelets qui portent son surnom “Iron Lady” (emprunté à Margareth Tatcher), ou la devise qu’elle affectionne, HWAPO (Hard Work Always Pays Off).
Ons Jabeur, la fulgurante ascension de la future 1ᵉ mondiale ?
En cette fin de saison 2022, la battante tunisienne, qui a récemment explosé les courts de Tennis, n’a plus qu’un horizon : vaincre l’actuelle championne du monde WTA, la varsovienne Iga Swiatek. Comme son adversaire, elle est convaincue qu’elle remportera bientôt le Grand Chelem.
Admirative des prouesses d’Iga Swiatek, elle sort des épreuves 2022 avec la certitude d’avoir encore à apprendre pour franchir le sommet.
Ons Jabeur est avant tout, une femme de challenge, qui se reconnaît lorsqu’elle se dépasse. C’est ce qu’admire en elle toute une jeunesse tunisienne et arabe qui se reflète en elle comme en un rôle-modèle : la femme qui s’affranchit des limites qui lui ont été imposées. Un tel portrait est transcendant, dans un monde arabe marqué par des traditions patriarcales, qui ont été autant d’entraves à l’expression des talents féminins indispensables au bon fonctionnement de nos sociétés.
Si la femme tunisienne a connu une émancipation relative à l’époque Bourguiba, on attend d’autres percées, du Maroc -qui dispose de pas moins que de 7 femmes-ministres– jusqu’à l’Arabie Saoudite, où le Prince-héritier et Premier ministre, Mohammed Ben Salman, a inauguré une série de réformes, dont on voudrait s’assurer qu’elles ne restent pas que de “façade” pour le prestige du royaume.
Ons Jabeur sait qu’elle doit toujours se donner à 100% pour rebondir, quels que soient les obstacles dressés sur sa trajectoire. C’est ainsi qu’elle inspire le respect à ses rivales et à ses adeptes qui ne rêvent que d’observer la même dynamique.
Mis à jour le 16/08/2023
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